Le Poulin Mékong ou la Valse des Curieux
Les bivouacs se suivent mais ne se ressemblent pas. Ici un tout petit îlot et quelques arbres. Là, une crique cachée derrière quelques rochers ou bien la plage d'un village. Dès l'arrivée, on ne chôme pas car on sait que les premières visites ne tarderont pas, et cela quel que soit notre isolement. L'homme part donc avec sa machette couper du bois. La femme monte le camp et prépare le repas. Près de deux heures plus tard, tout est prêt et la valse des curieux peut commencer. On sent le regard des enfants avant même de les apercevoir. On les appelle mais ils n'osent pas venir. Pas encore. Finalement le moins timide s'approche suivi de loin de ses acolytes. On commence à jouer. Il observe. Tu veux essayer ? « Bo, bo ! » (non, non !). On continue à jouer. Finalement un des enfants saisit l'anneau et commence à viser les quilles. Les autres l'imitent rapidement. Puis des dizaines d'autres enfants surgissent de nulle part, en pirogue ou à pied. Bientôt tous les garçons jouent au Frisbee ou au jeu des anneaux avec Robert. Et toutes les petites filles restent collées à Nolwenn et papotent toutes en même temps. Bientôt ce sont les parents qui rappliquent. Les maris commencent toujours par inspecter le bateau biensûr et leurs femmes par approuver le Khaio Niyo. Puis viennent les questions ; vous venez d'où, vous allez où ? Tous finissent par lancer les anneaux. On reconnaît les amateur de « Pétang » ! L'un d'entre eux s'éclipse et revient avec le fameux lao lao. L'alcool de riz est servi dans un seul verre avant d'être bu, cul sec, à tour de rôle. Une femme revient avec des haricots ou des fruits. Puis viennent les invitations à dormir chez les uns et à diner chez les autres. Une seule fois, nous accepterons avec reconnaissance le gite offert car la pluie menace de tomber.
Tous les jours, et même sur l'îlot le plus isolé, l'accueil est chaleureux. Des pirogues entières d'hommes et d'enfants viennent à la rencontre des Falangs. Aucun bateau de touristes ne parcourt cette partie du Mekong et bon nombre de villageois n'ont pas croisé d'étrangers depuis cinq ans voire plus. L'électricité étant rare, certains enfants n'ont sans doute pas même vu un blanc à la télévision. Ce qui donne lieu à des scènes loufoques : les plus petits hurlent parfois en nous voyant et commencent à pleurer. Mais leurs pères leur saisissent les bras et les agitent pour répondre à notre salut. « Dis bonjour au Falang ! » Et les petits hurlent de plus belle. « Bo penyang » (c'est pas grave !), crie t'on.
Surprenante situation où touristes et locaux sont aussi curieux les uns des autres. Et chaque fois, le jeu nous ouvre toutes les portes.
Au lever du soleil, notre rituel se répète. Parfois, les curieux de la veille reviennent pour jouer un peu, nous inviter pour le petit déjeuner ou nous dire au revoir. Un matin, le « Huana » (chef de village) nous fait signe d'aller sur l'îlot d'en face. « Les enfants vous montreront le chemin ». En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, sous la direction du chef, le camp est levé et les enfants ont ramené toutes les affaires dans le bateau. On arrive à l'îlot et la femme d'un pécheur nous invite à aller dans son jardin déterrer d'étranges tubercules. « Dis Robert tu crois que c'est des cacahouètes ? Ca pousse pas dans les arbres ? Bah je sais pas. Moi non plus » Oui on a souvent l'air bêtes comme ça. La femmes du pécheur nous invite ensuite à manger les « cacahouètes de terres » grillées et salées. Puis le pécheur revient avec un collier de poissons frétillants qu'on déguste avec le riz gluant. On repart avec tout un sac de cacahouètes du jardin.
L'histoire se répète pendant huit jours. Une histoire en dehors du temps et à mille lieues des circuits touristiques. Merci aux écrivains du Routard et du Lonely de décréter à leurs millions de lecteurs que le sud du Laos est « inintéressant ». C'est précisément ce qui le rend si intéressant...
Tous les jours, et même sur l'îlot le plus isolé, l'accueil est chaleureux. Des pirogues entières d'hommes et d'enfants viennent à la rencontre des Falangs. Aucun bateau de touristes ne parcourt cette partie du Mekong et bon nombre de villageois n'ont pas croisé d'étrangers depuis cinq ans voire plus. L'électricité étant rare, certains enfants n'ont sans doute pas même vu un blanc à la télévision. Ce qui donne lieu à des scènes loufoques : les plus petits hurlent parfois en nous voyant et commencent à pleurer. Mais leurs pères leur saisissent les bras et les agitent pour répondre à notre salut. « Dis bonjour au Falang ! » Et les petits hurlent de plus belle. « Bo penyang » (c'est pas grave !), crie t'on.
Surprenante situation où touristes et locaux sont aussi curieux les uns des autres. Et chaque fois, le jeu nous ouvre toutes les portes.
Au lever du soleil, notre rituel se répète. Parfois, les curieux de la veille reviennent pour jouer un peu, nous inviter pour le petit déjeuner ou nous dire au revoir. Un matin, le « Huana » (chef de village) nous fait signe d'aller sur l'îlot d'en face. « Les enfants vous montreront le chemin ». En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, sous la direction du chef, le camp est levé et les enfants ont ramené toutes les affaires dans le bateau. On arrive à l'îlot et la femme d'un pécheur nous invite à aller dans son jardin déterrer d'étranges tubercules. « Dis Robert tu crois que c'est des cacahouètes ? Ca pousse pas dans les arbres ? Bah je sais pas. Moi non plus » Oui on a souvent l'air bêtes comme ça. La femmes du pécheur nous invite ensuite à manger les « cacahouètes de terres » grillées et salées. Puis le pécheur revient avec un collier de poissons frétillants qu'on déguste avec le riz gluant. On repart avec tout un sac de cacahouètes du jardin.
L'histoire se répète pendant huit jours. Une histoire en dehors du temps et à mille lieues des circuits touristiques. Merci aux écrivains du Routard et du Lonely de décréter à leurs millions de lecteurs que le sud du Laos est « inintéressant ». C'est précisément ce qui le rend si intéressant...