Résumé de l'étape

Publié le par Nol&Rob

Les trajets prennent du temps mais nous en font rarement perdre. La raison ? Ils sont souvent à l'origine de rencontres insolites et de situations un peu loufoques.

Kratie 7h, c'est le départ. Si l'on a cru comprendre devoir changer de bus pour aller dans le Mondulkiri, on ignore tout de l'endroit où descendre ainsi que l'heure du bus suivant. De fait, à chaque arrêt, on demande : "C'est là ? " Non, non... Puis au milieu de nulle part : "C'est pas là ?" Si, si. Rapide tour d'horizon :six maisonnées en bois et une échoppe qui fait aussi "stand de bus" d'après la pancarte. "Et a quelle heure est le prochain bus ?" 13h. Il est tout juste 9h et on regarde s'éloigner le bus dans un nuage de poussières. A première vue l'attente s'annonce longue.

Pour tuer le temps, on ouvre la méthode de cambodgien offerte quelques jours plus tôt par notre bistrotier favori. Sur le papier, le cambodgien est assez simple : pas d'article, pas d'accord et pas de conjugaison. Sujet, verbe à l'infinitif, nom, adjectif, adverbe. Le vocabulaire est  logique, "lait" se dit "eau, sein, vache", et est souvent très imagé.  "J'ai des hémorroïdes" se dit "Je accoucher racine coco anus". 
Le problème, c'est la prononciation. Il est impossible de retranscrire dans notre alphabet et notre phonétique les sonorités Cambodgiennes. Par exemple, il y a quatre façons de prononcer "o". Si on connaît  le "o" de Montpellier (comme dans rôse), le "o" du reste de la France, (comme dans rose), les cambodgiens ont eux deux autres variantes tout bonnement indifférenciables.


Si vous vous demandez pourquoi Robert est torse nu sur la photo, l'explication suit. Un peu plus tôt, un enfant est venu demander qu'on lui décapuchonne un feutre. Robert ne pouvait pas se douter que  jeune artiste allait prendre son dos pour un chevalet et tracer d'un long trait vertical bleu sur son (seul) T shirt. La fessée a suivi et la mère, désolée, est venue nous amener de l'eau et de la lessive. Robert se retrouve donc torse nu et Nolwenn tente de venir à bout du Picasso. A cet instant, une cinquantaine d'écoliers apparaît de nulle part et rigole du spectacle : une touriste qui fait sa lessive en pleine rue mais surtout un Baraing (un homme blanc) drôlement poilu. La mère informe  le voisin de la situation. Il éclate de rire et se charge de passer le message au reste du village.


Ce moment de solitude a tout de même eu le mérite de nous faire connaitre les tenants de l'échoppe. Et, assis sur les grandes tables basses Khmers, on s'est essayés à parler Khmer.  Depuis qu'on commence à baragouiner quelques mots grâce à la méthode, nos échanges avec les Khmers se sont considérablement améliorés. Et ici comme ailleurs, ils sont trés fiers qu'on essaye de parler leur langue et  nous récompensent de toute leur gentillesse et leur attention. S'en suit bien souvent tout un discours auquel on ne comprend rien. On hoche la tête et  tout le monde sourit. Une conversation laborieuse de plusieurs heures a tout de même permis d'établir l'âge de chacun, le statut marital, l'heure d'arrivée du bus et la localisation des toilettes.

Le couple récompense  nos efforts en nous offrant une spécialité locale. Nous connaissons déjà l'ingrédient principal, les flocules de riz, pour en avoir vu la préparation à Kompong Cham. Le riz tout juste récolté est cuit à sec dans un pot en terre cuite puis écrasé à l'africaine dans un creuset.  A Kompong Cham on mangeait les flocules avec de la banane écrasée, ici on les mélange avec du sucre et de l'eau de coco. Et c'est délicieux.

Le bus pour Sen Monorom arrive enfin et une autre aventure commence. A son bord, trois amis du chauffeur et un uniforme. Au bout d'une demi heure le bus s'arrête et le chauffeur passe le volant à l'un de ses copains après lui avoir donné quelques conseils de conduite. Heureusement, le copain n'en est pas à son coup d'essai. La télé est allumée et on s'attend aux clips cambodgiens habituels passés à fond dans tous les bus du pays. En général, dans ces vidéos avec sous-titres Karaoké, un lover aux cheveux gominés console une jeune fille en fleurs qui pleure près d'une rivière.. Sauf que cette fois, c'est un karaoké pour de vrai! Le chauffeur devenu passager sort un micro et commence à chanter. Tous donnent de la voix à tour de rôle et si elle chevrote par moment, ce n'est qu'à cause des creux et des bosses de la piste qui secouent le bus. Le policier se joint à la fête en s'installant au premier rang et devient barman le temps du trajet. Il distribue des bières à la joyeuse assemblée, du chauffeur aux chanteurs en passant par les deux seuls touristes qui se demandent un peu comment ils ont atterris là.... 

Publié dans Cambodge

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L
<br /> Parfois les photos sont frustrantes car elles sont inanimées. Une vidéo du karaoké, j'en ai rêvé en lisant le post!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> prise par le récit ! "enlevait"<br /> <br /> <br />
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L
<br /> quand Robert enlevé sa chemise pour donner.....<br /> <br /> <br />
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