Les trois Cuzco

Publié le par Nol&Rob

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Cuzco la magnifique ne peut manquer de faire une forte impression à celui qui a la chance de fouler son sol. Avant de devenir le Ché, le jeune Ernesto a consacré à la ville plusieurs chapitres dans son carnet de voyage à travers l'Amérique du Sud - notre livre de chevet du moment. Déjà vindicatif, il décrit trois Cuzco différentes. Cuzco, le centre de l'empire Inca "défendu par l'imposante forteresse de Sacsahuaman  qui domine la ville de toute sa hauteur et protège les palais et les temples de la colère des ennemis de l'empire. La vision de cette Cuzco émerge des forteresses détruites par la stupidité des Conquistadores Espagnols analphabètes, depuis les palaces pillés jusqu'aux visages de cette race brutalisée. Cette Cuzco invite à devenir un combattant et à défendre, massue à la main, la liberté et la vie des Incas". Il peint ensuite une autre Cuzco avec "ses toits colorés, sa douce uniformité interrompue par les coupoles d'églises baroques, ses rues étroites et ses habitants habillés en costumes traditionnels. Cette Cuzco invite à être un touriste hésitant la survolant et se relaxant dans sa beauté". Pour le jeune Guevara, la dernière facette de la ville est celle d'"une cité vibrante dont les monuments témoignent du courage formidable des guerriers qui ont conquis la région au nom de l'Espagne, la Cuzco qui peut être trouvée dans les musées et bibliothèques, dans les façades des églises et dans les traits anguleux des chefs blancs, qui, encore aujourd'hui, sont fiers de leur conquête. C'est une Cuzco qui demande à mettre son armure et, monté sur la croupe de chevaux puissants, à se frayer un chemin à travers la chair des indiens nus dont les murs humains s'évanouiront et disparaîtront sous les sabots des bêtes aux galop."

 

"Hé mais tu pompes le Che !" s'écrie Robert. "Non, j'ai mis des guillemets ! D'autant que je ne le rejoins absolument pas sur le troisième point.

 

Les splendeurs coloniales et religieuses de la ville, érigées sur des fondations incas, illustrent en effet tristement la conquête, le pillage et la destruction espagnols.

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Quel est le plus dérangeant ?  La démolition des constructions incas, la richesse ostentatoire des monuments coloniaux nés du pillage ou le fait que chaque sanctuaire, chaque symbole Inca aura été violé et profané en y asseyant des édifices espagnols pieux.

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Pour preuve, la cathédrale, riche d'or et d'argent construite au centre de la cité Inca. Ou l'église et le couvent Santo Domingo posés sur ce qui a été le temple du soleil, le plus riche de l'empire inca, couvert le dit-on de sept cents feuilles d'or, chacune pesant plus de deux kilos. Ironie du sort ou revanche du dieu soleil, l'église aura été détruite par deux tremblements de terre quand ses bases incas n'auront pas bougé.

 

Après la Cuzco capitale inca, puis la Cuzco espagnole, la troisième Cuzco s'ouvre à une ère résolument  touristique. Les charmantes villas cusquègnes aux balcons de bois sculptés ont maintenant été désertées de leurs habitants et prises d'assaut par le nouvel envahisseur américain ou européen. Les indiens "en costumes traditionnels" évoqués par Guevara en 1952, sont bien présents mais pour vendre leur image aux touristes "Photo with baby lama ? Pleaaase, photo " plaident  de jeunes filles aux longues tresses. "Massage Inca,  massage Inca ?" On décline et notre mauvais esprit nous souffle qu'un massage Inca consisterait se prendre à un coup de massue sur la tête et à se faire arracher le coeur en offrande... 

 

Mais tout autour de ce coeur historique palpite une ville profondément indienne. On l'aperçoit lors des nombreux festivals et défilés tour à tour religieux ou paiëns qui ponctuent la vie de Cuzco. Presque chaque jour, la ville vibre de défilés colorés, de chants et de danses. Le festival le plus impressionnant de notre séjour n'aura pas été la sortie de Saint Blaise de son église mais Inti Raimi, la fête inca du Soleil. Pour cette fête, parait-il la plus importante d'Amérique du Sud après le carnaval de Rio, des dizaines de milliers de péruviens se donnent rendez vous pour un hommage au soleil et une reconstitution de la cérémonie inca en très grandes pompes.

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Pour nous, le spectacle n'était pas sur la scène où l'un des deux cents comédiens, habillé en Grand Inca, tendait les bras vers l'astre de feu pendant près d'une demi-heure, mais tout autour, sur les collines surplombant la ville. Où les familles indiennes achètent des glaces et des cochons d'inde grillés en guise de snacks, heureux et fiers d'être là. "Vous avez voyagé de tout là-bas pour venir voir Inti Raimi ?" nous demande notre voisin. "Hé oui !" Pourquoi le détromper.

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Publié dans Pérou

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L
<br /> eh vous faites fort pour terminer! il faudra que nous vous relisions à tête plus reposée demain matin mais ce sera avec grand plaisir<br /> <br /> <br />
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