La théorie du pigeon

Publié le par Nol&Rob

 

On se répète. Nous voici au Chili depuis quelques semaines et cette fois encore, on ne peut que reconnaître l'extraordinaire hospitalité des autochtones. A force de le dire et le répéter, la question se pose. Par un formidable coup de chance, a t'on choisi de parcourir les contrées les plus accueillantes du globe ?  Ou plutôt que de saluer l'hospitalité des pays visités, ne devrions nous pas blâmer la tiédeur de l'accueil de nos pays ? Combien de touristes étrangers a t'on accompagnés afin de s'assurer qu'ils ne se trompent pas de destination ? Quitte à perdre une demi-heure de temps, à se forcer un détour important ou même à bouleverser l'organisation de sa journée? Au poker, si vous n'avez pas trouvé le pigeon de la table au bout de dix minutes, c'est que le pigeon c'est vous. Nous voici au dixième pays et on se sent de plus en plus proches de la caricature du parisien qui trouve justifié d'indiquer la mauvaise direction au touriste qui a l'audace de lui adresser la parole. Pour ce professeur de terminale et accompagnatrice d'un groupe de jeunes au camping de Los Andes, cela ne fait pas de doute : c'est une question d'histoire. Si les pays colonisés ont chassé leur colons, ils continuent à avoir de l'intérêt pour cette culture différente qu'ils ont vu et absorbé pendant tant de temps. Le vieux continent lui, satisfait de sa longue histoire et empli du souvenir de son ancienne hégémonie, n'a pas la curiosité de l'autre. On lui propose d'autres explications et s'en suit un long débat autour d'un verre de vin chilien.

 

Si la chaleur de l'accueil est la même qu'ailleurs, les circonstances des rencontres sont très différentes. Demandez nous à quoi nous fait penser l'espagnol. Pour Nolwenn, le Castillan n'est plus la langue du commentaire d'article sorti de "El Pais" sur la réforme de la politique sociale et environnementale de l'Espagne. Pour Robert, ce n'est plus la langue du dernier tube de l'été. Non, maintenant les mots qui nous viennent à l'esprit sont joints de culasse, tête de delco et filtre à huile.

 

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En déposant nos sacs à dos dans le fond de notre Combi, on a changé non seulement notre mode de transport mais aussi nos rencontres. On aborde maintenant mécaniciens, propriétaires de repuesto (magasins de pièces détachées), pompistes et caissiers de mini-market. Nous abordent passionnés de Combi Volkswagen (et il y en a beaucoup) et curieux en tout genre.

 

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La plupart des conversations avec ces derniers s'entament par un "Que lindo!". Le "comme il est beau" ne nous est pas adressé biensur, c'est de Ch'gaillard dont il est question. Qu'il nous vole la vedette ne nous froisse pas, on aime beaucoup notre camion. Surtout, on le trouve extrêmement photogénique. D'ailleurs, on vous prie nous rappeler à l'ordre si notre blog prend des airs de site publicitaire Volkswagen.

 

Montage Combi

 

La discussion s'oriente ensuite sur la cause de notre apparente immobilité. Sur le bord de route, ils craignent la panne. Sur la plage, il redoutent l'ensablement. On leur explique que c'est normal, notre camion a besoin de faire des pauses toutes deux heures afin de refroidir un peu et que le capot du moteur ouvert ne signifie pas qu'on est en panne. On leur explique qu'on s'est arrêtés bivouaquer, qu'on compte passer la nuit au bord de l'eau et que non, c'est gentil, on a pas besoin de ces planches en bois pour se sortir de là. Ils s'enquièrent ensuite du parcours réalisé et à venir. Rassurés, ils lancent un "buen viaje" ou un "que te porta bien" avant de retourner à leurs affaires.

 

Avoir un camion vintage vient à un prix : il faut le bichonner.

 

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Alors, il nous arrive effectivement de visiter les repuestos chiliens et de parler la langue de la mécanique. C'est en conversant cric, "gata hydraulica" pour les connaisseurs, qu'on a rencontré Rafael. A première vue, il est propriétaire et gérant d'un garage et en temps que mécano,  il a l'oeil. Alors qu'on lui explique qu'on a besoin d'ampoules de rechange, il nous fait remarquer qu'un de nos phares avant est monté à l'envers. Robert s'affaire et démonte le phare pendant que Nolwenn part dans l'arrière boutique chercher les ampoules. C'est à ce moment-là qu'il dévoile sa véritable identité. On apprend qu'il a également une Chevrolet aménagée, mais à la question, "l'utilisez-vous pour voyager", la réponse est "non". Il s'en sert comme  "casa rolante" lors des tournois de rodéo. Rafael est dresseur de chevaux et pratique le rodéo chilien. De fil en aiguille, il nous invite à poser notre maison roulante à nous dans son ranch, au beau milieu de ses chevaux.

 

 

Publié dans Chili

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P
<br /> Robert le truc ou le machin que tu as entre les doigts s'appelle une bougie lol<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Ha merci, je me demandais aussi...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> à chaque pays ses interêts!circonstances obligent,ce ne sont plus des recettes de cuisine et pourtant le mouton chilien est délicieux et, d'accord avec vous ,les gauchos bien sympathiques<br /> <br /> <br />
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