Un petit goût d’hiver

Publié le par Nol&Rob

Pluie battante au coucher, nuit glaciale sous la tente, sortie pénible du sac de couchage dans le crachin. Qui a dit qu’il ne pleuvait pas au Ladakh ? 200mm par an, l’équivalent peut-être d’une semaine à Brest, la bagatelle. Réchauffement climatique murmure t’on par ici.
Donc il pleut, et on doit partir car le col Sirsir nous attend. La pluie devient neige et l’ascension se fait de plus en plus difficile. Avait-on visé trop haut ? En plus de la neige, c’est le fameux mal des montagnes qui nous saisit et nous cloue sur place : à bout de souffle, mal au cœur et à la tête pour certaines, froid… On grimpe pour pouvoir enfin commencer à redescendre. 4850m, c’est le col, notre Everest, rapide euphorie, photo et on repart.

















Deux heures plus tard et 800 mètres plus bas, la neige redevient pluie et nous arrivons trempés au village de Photogsar. Les âniers nous indiquent où planter la tente… Hésitations dans les rangs. Sans trop d’espoir au vu de la petite dizaine de maisons du village, nous demandons : « Guest House ? » Pas de Guest House nous répond-t-on mais « Homestay », venez voir… Une mamie ladakhi nous montre une chambre et notre chef de file tranche : « C’est pas le Hilton mais il y a quatre murs et un toit ». Quatre murs en fait car le toit fuie de toutes parts… Nous plantons finalement la tente dans la chambre !
Les âniers nous disent préparer le repas en bas. Nous descendons donc de huit marches et d’un siècle pour nous retrouver au milieu de la salle de vie d’une famille ladakhi. La pièce est modeste, le sol est en terre battue et les murs, noirs de suie.
Au centre, la mamie. Assise par terre à coté du poêle, elle surveille le feu et remplit régulièrement le thermos de thé salé pour les allants et venants. Le combustible utilisé, comme partout au Ladakh, est la bouse de vache séchée.
Elle nous invite à nous asseoir près du foyer et nous nous réchauffons peu à peu devant le spectacle du va et vient de la maisonnée. La fille allaite son petit dernier niché dans un panier en osier avant de repartir s’occuper des chèvres. Les enfants aux visages curieux entrent et sortent. Même les plus jeunes se présentent avec des jolis « my name is » qu’ils ont appris à l’école. Nous les faisons rire et même pleurer avec nos bouilles d’européens. Eux aussi boivent le thé au beurre de yak en y mélangeant de la farine d’orge appelé « Tsampa ». Les adultes prennent cette farine par cuillérées et la jette dans leur bouche d’un geste vif avant chaque gorgée de thé. De la farine, du thé, c’est leur repas du soir. A coté, le riz accompagné de dhal préparé par nos âniers dans un coin de la pièce fait figure de festin. 

Le chef de famille rentre enfin des champs et notre diner est prêt. Nous le partageons avec la maisonnée. Le grand-père est soucieux de communiquer avec nous et nous conversons avec les moyens du bord : l’aide de nos âniers d’abord puis un cahier d’expressions traduites en anglais que le patriarche a sorti de nulle part. Nous « causons » famille, saisons, moissons. Engaillardis, nous pointons du doigt quelque chose qui pend au plafond. 
- What is it ?
- Skin . Skin when baby… »
Le placenta séché des d’enfants.

Plus tard, dans la chambre, sous la tente, nous prenons la mesure de la journée. Nous sommes conscients d’avoir vécu un moment rare, d’avoir entrouvert une fenêtre sur la vie des communautés isolées de l’Himalaya qui savent, par nécessité, vivre en autosuffisance.

Publié dans Ladakh

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M
<br /> En France, à part Sarko, on n'entend plus parler de la Grippe dont les journaux nous parlent en continu depuis des mois... Tout ça pour ça... Je n'étais pas venue sur votre blog depuis deux<br /> semaines et wouah, il y a pleins de photos !! Cool ! Et je compte sur vous pour me donner vos nouvelles recettes, tant qu'il n'y a pas de placenta séché dans sa composition.. Bisous<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Hello les voyageurs (pour reprendre le poste de Stéphane :-)<br /> côté news, y'a aussi l'affaire Clearstream qui fait scandale, v'là un procès politique, surtout qd Sarkozy parle des "coupables" alors qu'il n'y a pas encore eu de jugement...bouh...<br /> Sinon, au cinéma, y'a "le petit nicolas" en film qui sort, a l'air pas mal du tout, avec Kad Merad, Valérie Lemercier, Sandrine Kiberlain, etc.<br /> Côté radio, y'a toujours un petit billet d'humeur de Stéphane Guillon sur France Inter le matin, toujours aussi cinglant:<br /> http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lhumeurde/<br /> voilou! A bientôt et au plaisir d'avoir de vos nouvelles.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Et René des Musclés aussi... Ca fait très rubrique nécrologique !<br /> <br /> Très jolies photos et c'est super de savoir que vous avez un vrai contact avec les habitants (et leurs placentas mais ça, ça l'est moins). Vous êtes plus "voyageurs" que "touristes".<br /> <br /> Bonne continuation !<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Et SIM ! Le pauvre faut pas l oublier !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ah sinon, j'oubliais! Pour les nouvelles de France : sarko est toujours là, ils nous emmerdent toujours avec la grippe A, Patrick Swayze est mort (oui je sais, j'aurais dû commencer par là, c'est<br /> capitale comme info), philip Nicolic aussi est mort (2 be 3)mais lui on s'en fout parce qu'il n'a pas fait Dirty Dancing..<br /> Voilà Voilà.. :))<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Merci a tous pour toutes ces nouvelles francaises, ca fait plaisir ! Faudra penser a en donner des bonnes aussi, hein ? ;-)<br /> <br /> <br /> <br />