Métro, boulot, tango
Qu'il est bon de reprendre des habitudes quelque part ! Le petit café avec les copains de classe le matin.. La Parilla du midi où le serveur ne nous donne plus le menu et où l'on retrouve les même têtes autour d'un verre de vin rouge et d'un "bife de lomo" grillé sur le barbecue derrière le zinc. Après les cours, on se promène dans les quartiers de Buenos Aires portés par la musique. Ici un guitariste dans la rue, là-bas un couple enlacé sur un air de Tango sortant d'un vieux haut parleur.
Après avoir été prohibé sous la dictature car il invitait un peu trop à la réflexion, le Tango est revenu en force dans les années 90. Les portenos raffolent de la musique et des textes mais contrairement aux idées reçues, sont très peu à le danser. En revanche, on croise beaucoup d'étrangers passionnés. Annie, la tante de Maud par exemple ! Venus perfectionner leurs pas dans la Mecque du Tango, ils dansent jusqu'au petit matin, talons hauts et jupes fendues, dans les Milangas. Un parquet, quelques tables et un brin de machisme. Les femmes s'assoient entre les danses et les hommes les invitent d'un hochement de tête. Si le hochement est rendu, l'invitation est acceptée et la danseuse peut rejoindre son partenaire le temps d'une danse sensuelle. Toutes les générations se croisent dans les Milangas; les jeunes de vingt ans comme les milangueros, ceux qui ont appris le tangos dans la première moitié du XXème siècle. Ces derniers portent encore beau et sont très respectés sur la piste. Ce sont eux qui ont conservé le savoir faire pendant la dictature, quand le rock a remplacé le Tango, et l'ont transmis aux jeunes quand la flamme s'est rallumée. On ne se lasse pas de regarder les couples évoluer sur la piste en parfaite harmonie, les yeux fermés et l'air grave au son de la guitare et de l'accordéon.
Au même titre que la consommation excessive de dulce de leche et de mate, le tango est redevenu un des piliers de la culture argentine.
