La traversée des Andes

Publié le par Nol&Rob

Cuzco absorbe et digère des visiteurs qui ne s'échappent que difficilement de sa toile... Tous les jours, on repousse notre départ au lendemain profitant à part égale de ses musées et de ses bars en compagnie de nos amis voyageurs Mike et Nicola ou Clémence et Clément.

 

 

Mais nos pieds nous chatouillent et la fin du voyage approche : il est grand temps de reprendre la route. Cap au Sud cette fois, vers le Chili où nous devrons vendre notre engin. Pour traverser les Andes, deux options : revenir sur nos pas par la route goudronnée jusqu'au lac Titicaca et virer à l'ouest en direction d'Arequipa. Ou prendre le chemin de traverse à plus de 4000 mètres d'altitude, une piste en terre sinueuse de trois cents kilomètres. Le confort des jours passés à Cuzco nous pousse choisir le chemin de l'aventure.

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Et bien nous en prend car il nous mènera à un tout petit village Quechua aux maisons en adobe, probablement peu changé depuis le temps inca, et à un sympathique Français, Michel. Tio Miguel pour les Quechuas a 76 ans et est arrivé à la paroisse quinze ans auparavant afin d'aider son ami curé. Amoureux du village et de la gentillesse de ses habitants, il n'en est jamais reparti.

 

On décide de passer la nuit entre les deux monuments imposants du "bourg" : l'église et le commissariat. "Quelle grande église pour un si petit village !" s'exclame-t'on. "C'est que les curés préféraient voir leurs paroissiens travailler à bâtir l'église plutôt que mourir dans les mines." nous explique Miguel autour d'un café dans le presbytère.

 

 

Au fil des années, il a appris à connaître mieux que quiconque les coutumes quechuas. "Comment le catholicisme s'accommode t'il des traditions paiennes ?" demande t'on à notre compatriote. "Hé bien, quand on construit une chapelle, on laisse dans les fondations une offrande d'alcool et de feuilles de coca à Pachamama, la mère terre. L'un n'empêche pas l'autre." Il nous explique encore que les indiens sont "très bénédiction". Ils viennent à la messe avec des bidons et des bouteilles vides. Le padre enlève l'étiquette Coca Cola et bénit des litres et des litres d'eau. Que font-ils avec, je n'en sais rien. Ils viennent encore avec des miniatures qu'ils espèrent voir grandir par l'eau bénite" Il nous dit encore essayer d'apprendre aux villageois à ne plus se laisser marcher sur les pieds. "Prenons par exemple l'élection du président du village. Vous avez remarqué les noms des candidats peints sur les maisons, accompagnés d'une fleur ou d'un ballon de foot ?" On hoche la tête. "Hé bien les candidats vont donner aux indiens un peu d'argent ou un sac de feuilles de coca. Puis ils dessinent sur leur mains la fleur ou le ballon qui les représentent car ils ne savent généralement pas lire. Le jour des élections, ils viennent les chercher, leur offre le repas et les guident jusqu'aux urnes. Ça ne rate jamais, c'est toujours le plus corrompu et le plus mauvais qui est élu. A la messe, on leur dit de prendre l'argent et les cadeaux mais de ne surtout pas voter pour celui qui leur a donnés. Mais ils ont peur que ça se sache et n'osent pas. Le problème, c'est que l'école ne leur apprend pas à avoir du discernement et un esprit critique."

 

 

Du discernement, Miguel et le curé n'en manquent pas et sermon après sermon, ils les exhortent à l'action. "Mais ils ont peur. Par exemple, on leur promet de l'argent en échange du ravalement de l'école. Ils font le travail mais ne sont pas payés. On leur dit de remettre l'école en l'état en guise de leçon. Mais voilà, ils n'osent pas... Le problème, c'est qu'ils sont comme une cocotte minute et à force de se faire avoir, ils finissent par exploser et par rendre justice eux même en lynchant le malhonnête. Ils ont déjà lynché un président comme ça. Le village entier en endosse la responsabilité et les autorités s'en manquent"

 

De retour au camion, c'est avec une police curieuse, serviable et un tantinet oisive qu'on discute. "Surtout si vous avez besoin de quoi que ce soit pendant la nuit, n'hésitez pas à venir au commissariat. Vous pouvez venir discuter aussi. Et nos toilettes sont les vôtres..."

 

Le lendemain matin à six heures, on accompagne Michel dans sa ballade quotidienne sur les chemins de montagnes, respectueusement salués par les villageois. Il tend le bras vers l'horizon et et s'exclame : "comment pourrais-je rentrer avec tout ça ? Et puis tous ces sourires me manqueraient trop."

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On poursuit notre périple sur l'altiplano péruvien en surveillant les lamas qui traversent au petit bonheur la chance. Partout, on prend en stop des marcheuses quechuas aux longues tresses, un gros sac coloré sur le dos. Elles nous tendent à la fin du voyage une poignée de pièces poisseuses - qu'on refuse évidemment. La route monte à cinq mille mètres et ondule au gré des creux et des bosses.

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Autour de nous, les sommets couverts de neige éternelle paraissent presque à portée de main. La descente vers Arequipa arrive trop vite. Mais bivouaquer n'est pas envisageable à cette altitude : la nuit a plongé l'altiplano dans un froid polaire.

Publié dans Pérou

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P
<br /> Bon nous espérons que vous n'aurez pas la même démarche et que vous reviendrez mais si c'est le cas nous prendrons l'avion et autres moyens tel que "apaceev" pour vous voir<br /> Belle poursuite et à bientôt<br /> On vous embrasse<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Quechua decatlon a copié ce nom<br /> au retour pour ne pas perdre le pied il faudra faire une rando sur les chemins côtiers d'une région du coté de la bretagne et en zoomant du coté de la côte d'émeraude<br /> Belle poursuite<br /> on vous embrasse<br /> <br /> <br />
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